Le «neveu» accroche ses patins
Derick Brassard annonce sa retraite, un scoop que j'aurais bien aimé obtenir
Le bonhomme a pris un autre coup de vieux lors de cette fin de semaine de la Saint-Jean Baptiste.
Alors que les jours s’égrènent et que le cap de la soixantaine approche de plus en plus (en août prochain), un autre des hockeyeurs locaux dont j’ai couvert la carrière dans les pages du Droit, Derick Brassard, a confirmé qu’il ne tentera pas un retour au jeu et qu’il prend sa retraite.
C’est le genre de «scoop» qu’il m’aurait peut-être offert si je travaillais encore pour le journal local, mais il s’est plutôt tourné vers le collègue de la Presse Mathias Brunet, qui a fait un excellent survol de toute sa carrière, pour faire cette annonce majeure dans la vie d’un hockeyeur.
https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2024-06-23/derick-brassard/le-hockey-est-termine-pour-moi.php
Avec Daniel Brière et Jean-Gabriel Pageau, celui qui était surnommé Big Game Brass fait partie de la Sainte Trinité des attaquants gatinois qui ont marqué mes années au quotidien de la capitale nationale. On va mettre Alexandre Picard dans une catégorie à part vu qu’il était défenseur, et Claude Giroux dans une autre, celle des Francos-ontariens.
Je le surnommais parfois mon neveu, mais comme je l’ai spécifié périodiquement dans «le papier», il n’y avait aucun lien de parenté entre nous. Pas de proche en tout cas, alors que je suis originaire du Saguenay et que son grand-père Royal a été une figure bien connue à Gatineau. Une bannière soulignant toutes ses années de bénévolat a été accrochée à l’aréna Baribeau — j’espère qu’elle s’y retrouve toujours d’ailleurs, ça fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds là — et le tournoi bantam (M15) de Gatineau porte aussi toujours son nom, sans oublier la rue Royal-Brassard, pas très loin du complexe Branchaud-Brière.
Son père Pierre a brièvement été mon coéquipier dans la défunte Ligue inter-services de l’Outaouais, longtemps après qu’il ait terrorisé les gardiens de la LHJMQ avec les Royals de Cornwall — des saisons de 118 et 130 points, dont 54 et 68 buts, en 1974-1975 et 1975-1976 — puis qu’il ait aidé Bryan Murray et les Lumber Kings de Pembroke à atteindre la finale de la coupe Centennial en 1977. Il a aussi été repêché par le Canadien de Montréal (6e ronde en 1976) et les Nordiques de Québec (10e ronde la même année), mais il n’a pas joué pour eux, préférant la sécurité d’un emploi de chauffeur d’autobus à la vie de nomade d’un joueur commençant dans les mineures ou en Europe (le CH de Guy Lafleur et compagnie n’avait pas trop de place pour lui au début de sa séquence de quatre coupes Stanley consécutives). Il était dominant dans notre ligue de garage, malgré un genou qui le faisait souffrir et l’a mené à cesser de jouer.
Quand son rejeton a commencé à s’imposer comme un des meilleurs joueurs de l’Outaouais dans son groupe d’âge, j’étais aux premières loges puisqu’en plus de couvrir le hockey junior (Olympiques et 67’s), je rédigeais une chronique sur le hockey mineur. En consultant les archives du site Eureka.cc, j’ai retrouvé le premier texte où il était question de Derick, alors qu’il avait 10 ans et qu’il portait les couleurs des Ambassadeurs atome AA de Gatineau. C’est issu de l’édition du 19 novembre 1997!
C’était le premier de 1324 articles que j’ai signé où on retrouve son nom au moins une fois, selon Eureka. Il y en a sur son cheminement jusqu’au niveau midget dans la structure de l’Intrépide, puis sur ses années junior avec les Voltigeurs de Drummondville. Ensuite, il y a eu sa sélection en première ronde (6e au total) par les Blue Jackets de Columbus et tout ce qui a suivi : les blessures aux épaules au début de son passage chez les pros; l’échange aux Rangers de New York où il est devenu une légende sous Alain Vigneault; son premier passage avec les Sénateurs, marqué par le printemps magique de 2017; ses séjours moins fructueux à Pittsburgh, en Floride, au Colorado, à New York (Islanders cette fois), en Arizona à Philadelphie et à Edmonton; puis son retour à Ottawa pour finir sa carrière en queue de poisson avec sa terrible blessure à la cheville, survenue 13 matches après qu’il ait réussi à atteindre le plateau des 1000 en carrière, au Madison Square Garden de New York pour bien faire les choses.
Sa passion pour le hockey était déjà bien évidente quand il passait des heures sur la patinoire extérieure du quartier des Hautes-Plaines où j’habitais, un «rond» où mes trois fils quelques années plus jeunes que lui ont donné certains de leurs premiers coups de patins. Et cette passion a caractérisé aussi toute sa carrière de 16 saisons dans la LNH, au cours de laquelle il récolté 215 buts et 330 passes pour 545 points en 1013 parties, en plus de ses 25 buts et 68 points en 118 matchs de séries, là où il a bâti sa réputation de joueur des grandes occasions (comme Brière et Pageau d’ailleurs).
Couvrir les prouesses de ce «cousin de la fesse gauche» — il n’y a qu’un ancêtre Brassard, Antoine, qui a été le premier arrivant à Québec en 1636 — a donné lieu à quelques moments cocasses, surtout après que les Sénateurs aient fait son acquisition à l’été 2016 contre Mika Zibanejad.
Des collègues de la radio anglophone l’ont appelé Marc à plusieurs reprises, et un collègue pigiste à la Presse canadienne, Darren Desaulniers, a déjà commis le même lapsus dans son compte-rendu d’un gain de 3-1 des Sénateurs aux dépens des Devils du New Jersey le 17 décembre 2016 au Centre Canadian Tire, ce qui avait été publié sur le site de TSN.ca avant d’être corrigé peu après. Je conserve la capture d’écran précieusement dans mon téléphone.
À cette époque, les journalistes affectés à la couverture des Sénateurs voyageaient dans l’avion nolisé de l’équipe et descendaient au même hôtel. Quand une équipe débarque tard dans la nuit après avoir joué ailleurs et pris un vol pour aller jouer un match le lendemain, les joueurs saisissent leurs clés de chambre et prennent les premiers ascenseurs, les entraîneurs et journalistes suivant ensuite. C’est comme ça qu’un bon soir en débarquant à New York tard dans la nuit, j’ai eu la surprise d’arriver à ma chambre et de découvrir qu’il y avait déjà quelqu’un à l’intérieur de celle-ci, sortant de la salle de bain flambant nu !
J’ai donc refermé la porte rapidement, sans pouvoir identifier l’intrus. C’est rendu à la réception que j’ai reçu un texto de Derick m’informant qu’il était dans la chambre en question, sur l’étage des médias ! On en a bien ri, et la confusion m’a valu quelques points en prime du programme de fidélité de l’hôtel (un Marriott, pour ne pas le nommer).
Et ça donne aussi une bonne histoire à raconter sur ce 2-pad (Sub)Stack !
Bonne retraite Derick, profites-en pleinement ! Pas mal certain que comme Daniel Brière, on va te revoir un de ces jours dans un rôle différent avec un club de la LNH, pour tenter de gagner la coupe Stanley que tu aurais tant voulu soulever à bout de bras, avec l’un ou l’autre de tes 10 clubs !