Bon combat, le Pic !
Alexandre Picard part en guerre contre le système du hockey mineur québécois
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Il y a une vingtaine d’années, quand mes trois fils faisaient leurs premiers pas dans le hockey mineur, on parlait du passage de la Méthode d’apprentissage du hockey sur glace (MAHG) au niveau novice comme de l’entrée dans la jungle.
Le hockey mineur à l’époque, c’était effectivement une jungle remplie d’obstacles de toutes sortes, et il fallait naviguer à travers cette société peuplée d’entraîneurs avec leurs propres agendas/préjugés et de parents convaincus que leur fiston était le prochain Mario Lemieux, Raymond Bourque ou Patrick Roy pour essayer d’aider ses rejetons à atteindre le plus haut niveau possible, si c’était leur choix bien évidemment.
Mes «p’tits gars» sont des adultes maintenant, et les souvenirs des pratiques à 7 h du matin à l’aréna Sabourin du secteur Hull de Gatineau — où je joue toujours tard les mardis soirs, on a joué notre dernière partie de la saison cette semaine et la dernière de ma cinquantaine, snif — sont bien loin.
Lire les textes du Gatinois Alexandre Picard sur son expérience comme parent et entraîneur dans le hockey mineur québécois dans le coin de Drummondville où il s’est établi après sa carrière de joueur ramène cependant quelques souvenirs moins bons à la surface, même si ça me semble moins grave que la situation actuelle.
J’ai couvert pas mal toute la carrière d’Alex, de l’Intrépide midget AAA de Gatineau au Dusseldorf EG en Allemagne, avec ses passages à Halifax et au Cap-Breton chez les juniors, puis chez les pros à Philadelphie (Flyers et Phantoms dans la Ligue américaine), Tampa Bay, Ottawa, en Caroline, Pittsburgh et Wilkes-Barre, Prague (alors dans la KHL), Graz, Ingolstad et Fribourg, en Suisse, pays où il a aussi gagné une médaille d’or avec Équipe Canada à la coupe Spengler.
Alex était un excellent défenseur, doué offensivement, mais pas particulièrement robuste malgré ses 6’ 2’’ et 220 livres, ce qui fait que ses entraîneurs et les partisans de ses clubs restaient parfois sur leur faim parce qu’ils s’attendaient à ce qu’il soit prêt à lâcher ses gants à l’occasion pour défendre ses coéquipiers.
Ce n’était pas un rôle qu’il était prêt à remplir cependant et il n’a jamais écopé plus que les 82 minutes de punition de sa saison recrue dans la Ligue américaine avec les Phantoms. Il a quand même livré neuf combats dans la LNH, dont celui-ci contre le détestable Sean Avery.
Ses batailles, il semble préférer les mener ailleurs maintenant, comme père de jeunes hockeyeurs qui se retrouvent dans la «jungle» du hockey mineur québécois, où il semble être encore plus compliqué de faire son chemin maintenant que jamais auparavant.
Les textes que le «Pic» a signés sur les différentes plate-formes de Québécor (Journal de Montréal et Québec ainsi que TVA Sports) font jaser, et il faut espérer qu’ils vont aussi faire réfléchir les dirigeants qui ont poussé un bon homme de hockey — un ancien gardien par surcroît — en Jocelyn Thibault à lancer la serviette l’hiver dernier.
https://www.journaldequebec.com/2024/05/16/le-hockey-mineur-quebecois-est-presque-incurable
Les témoignages recueillis dans le deuxième article sont à faire pleurer. Alexandre Picard a beaucoup de courage de profiter de la tribune qui lui est offerte pour tenter de secouer les colonnes du temple.
«Il faut aller de l’avant, il faut dénoncer si on veut des changements. [...] Je suis prêt à me battre, a-t-il dit en entrevue avec TVA Sports. J’ai parlé de la situation de mon fils qui a 12 ans (Liam), mais j’ai aussi un fils de 6 ans (Levi) qui fait ses premiers pas dans le hockey. J’aimerais ça que lorsqu’il aura 12 ans, il y ait eu des changements et qu’un jeune puisse arriver à l’aréna avec le sourire et quitter avec le sourire.»
Heureusement, je n’ai pas tant d’histoires d’horreur à relater de mes années dans le hockey mineur, alors que j’étais un bénévole qui s’impliquait principalement comme entraîneur des gardiens des équipes de mes gars, qu’ils soient des cerbères ou non.
Il y a bien cet ancien député provincial de Hull — non, pas Lawrence Cannon, dont le fils Sacha a été un gardien dans quelques équipes de Benoît, mon petit dernier — qui s’était fait expulser d’une aréna pour avoir injurié un arbitre. Ou cet ancien partenaire de squash qui m’en avait voulu parce que j’avais recommandé deux autres gardiens de préférence à son fils pour une équipe pee-wee A. Mais le premier s’en est tiré à bon compte vu que personne n’avait de caméra sur son téléphone à cette époque-là et ça n’avait donc pas fait les manchettes. Et le second a vu fiston abandonner le hockey peu après pour se tourner vers le tennis, et il avait tellement de talent à ce sport qu’il a finalement obtenu une bourse dans une université américaine, ce qui a payé une bonne partie de ses études. Un mal pour un bien, même si le gars pense probablement encore que j’ai ruiné la carrière de hockeyeur de son fils.
Avec le recul, même le fait qu’un de mes rejetons se soit retrouvé — injustement à mon avis — au niveau bantam B après une saison dans le pee-wee AA n’a pas été une si mauvaise affaire. Ça lui a permis de travailler son maniement de rondelle et il a fini par compter trois buts de gardiens plus tard, chez les juniors et les pros !
Autre preuve qu’il y a moyen de passer à travers la jungle du hockey mineur, même si ce n’est pas évident, surtout pas de nos jours semble-t-il.